Publié dans le magazine Books n° 104, février 2020. Par Fatima Bhutto.
La Turquie est aujourd’hui le deuxième exportateur mondial de séries télévisées après les États-Unis. Grâce à leur savant dosage de modernité et de tradition, ses sagas battent des records d’audience sur plusieurs continents. Et constituent un redoutable outil de « soft power » pour Ankara.
« Tout d’abord, promettez-moi de ne pas les appeler “feuilletons”, me sermonne la professeure Arzu Öztürkmen, qui enseigne l’histoire orale à l’université du Bosphore, à Istanbul. Nous sommes contre. » Les fictions que produit la télévision turque ne relèvent ni du feuilleton, ni de la telenovela, ni de la série d’époque, mais du
dizi (« série », en turc). Il s’agit, m’assure l’universitaire, d’un « genre à part, qui a ses propres codes en matière de narration, de bande originale et de décors ». Et qui fait fureur.
La Turquie est désormais le deuxième exportateur mondial de contenus télévisuels, derrière les États-Unis, et elle a conquis de vastes parts de marché en Russie, en Chine et en Corée du Sud. Mais aussi en Amérique latine : le Chili est aujourd’hui le premier pays importateur de séries turques en volume, tandis que le Mexique l’est en valeur, suivi de l’Argentine.
Les
diziler (pluriel de
dizi) sont des sagas interminables dont chaque épisode dure deux heures, voire plus, possède sa bande sonore et comporte...