Pour vivre riches, vivons cachés
Publié en octobre 2024. Par Books.
En Allemagne, les super-riches restent mal connus, bien plus que dans d’autres pays. La faute, selon la journaliste Susanne Billig, à « un manque flagrant de données ». « L’État allemand, écrit Billig dans un article paru sur le site de la radio publique Deutschlandfunk, n’aide guère à la transparence. Il n’existe aucune statistique officielle sur la fortune. D’où l’impossibilité de répondre avec certitude à des questions même banales. Personne ne sait combien de milliardaires et de multimilliardaires il y a exactement en Allemagne, qui fait partie du cercle des super-riches, combien de milliards ils possèdent exactement, quelle part cela représente dans la fortune totale du pays et si leur richesse est constituée d’entreprises, d’actions ou de biens immobiliers. »
C’est pour combler ces lacunes que la journaliste de gauche Julia Friedrichs s’est lancée dans une enquête dont le résultat, « Crazy Rich. Le monde secret des super-riches », vient de paraître outre-Rhin. Un ouvrage que salue Billig et qui montre « comment les immenses fortunes façonnent la psyché des possédants, mais aussi la société et la démocratie ».
Friedrichs a mené des centaines d’heures d’entretiens avec les membres de cette élite de la richesse, dont beaucoup ont préféré garder l’anonymat. Pour Melanie Mühl du Frankfurter Allgemeine Zeitung, le résultat est moins neuf que révélateur. Dans le magazine Focus, le sociologue Rainer Zitelmann, qui s’est aussi intéressé au sujet, lui reproche, pour sa part, un biais en faveur des héritiers et au détriment des self-made men. Ainsi du personnage le plus sympathique de l’ouvrage, « Sebastian », incarnation du « bon riche ». Il a si honte des milliards qu’on lui a légués que, « pour cacher sa richesse à ses amis, il vit dans un appartement de 45 m2 avec un petit balcon. »