Publié dans le magazine Books n° 66, juin 2015. Par Frank Thadeusz.
Les songes ont-ils un sens, ou sont-ils seulement les sous-produits de signaux désordonnés ? Deux écoles s’affrontent. Elles se rejoignent sur un point : l’intérêt thérapeutique. À Francfort, Ursula Voss parvient à produire un rêve lucide en appliquant au dormeur une décharge électrique. À Santa Cruz, en Californie, George Domhoff a rassemblé et codé une formidable collection de rêves. Son verdict : ils nous aident à maîtriser notre vie éveillée.
Un laboratoire dans l’agglomération de Köppern, non loin de Francfort : une jeune femme est allongée sur un lit rudimentaire, quatre électrodes fixées sur la tête. Elle dort. Ses yeux papillonnent derrière ses paupières, signalant son entrée dans le pays des rêves. Un homme en blouse blanche lui administre une légère décharge électrique : c’est le protocole de l’expérience. Quelques secondes plus tard, la dormeuse est éveillée. Elle doit aussitôt raconter ce qu’elle a vécu.
« Il y avait l’acteur Matthias Schweighöfer, relate-t-elle. J’ai parlé avec lui, ainsi qu’avec deux étudiants Erasmus. Je m’étonnais de la présence de l’acteur et les étudiants m’ont dit : “Mais tu l’as déjà rencontré dans le passé” ; et je me suis dit : “Mince, tu es en train de rêver !” » (1)
Le reste du monde peut bien ne voir dans ces phrases qu’un compte rendu confus ; pour Ursula Voss, psychologue à l’université de Francfort, ce récit traduit une véritable percée, saluée par ses collègues dans le monde entier.
Avec cette faible décharge é...