Pour être moral, appauvrissez-vous
Crédit: James Hooley/FCO
Donner un paquet de pâtes aux Restos du Cœur lors de leur collecte ce week-end, ou quelques vêtements au Secours Populaire qui fête ses 70 ans, c’est bien. Mais pour Peter Singer, tout cela est encore loin du compte. Dans Sauver une vie, le philosophe australien élabore le raisonnement suivant :
« Première prémisse : les souffrances et les morts causées par la faim, l’absence de logement et de soins médicaux sont déplorables.
Deuxième prémisse : si nous sommes en mesure d’empêcher que se produise une tragédie, sans rien sacrifier de presque aussi important pour soi, il est déplorable de ne pas agir.
Troisième prémisse : en donnant aux organisations caritatives, on peut empêcher les souffrances et les morts causées par la faim, l’absence de logement et de soins médicaux sans rien sacrifier de presque aussi important.
Conclusion : en conséquence, le fait de ne pas donner aux organisations caritatives est tout à fait condamnable. »
Et Peter Singer va plus loin encore, avec cette deuxième proposition : chaque individu doit réduire drastiquement son niveau de vie pour aider les plus misérables. Conscient que cette exigence de sacrifice risque d’être contreproductive, il plaide pour un objectif capable de susciter une réaction plus positive et « largement suffisant pour résoudre le problème de l’extrême pauvreté », comme l’explique Thomas Nagel dans la New York Review of Books : « Les personnes à l’aise financièrement donneraient 5 % de leur revenu annuel, et les très riches beaucoup plus. »