Quelque deux mille épitaphes romaines ont été compilées voici plus d’un siècle par deux savants allemands. Courtes ou longues, souvent poétiques, elles émeuvent et surprennent. Certaines sont d’une élégante concision, difficile à rendre en français. Ainsi (sur une seule ligne) : « Quod edi bibi, mecum habeo, quod reliqui, perdidi » (« Ce que j’ai bu, ce que j’ai mangé, je le garde avec moi. Ce que j’ai laissé, je l’ai définitivement perdu »). Et celle-ci, sur deux lignes : « Felicitas hic habitat / Nihil intret mali » (« Ici demeure la félicité / Rien de mal ne doit entrer »). D’autres sont des petits chefs-d’œuvre de dérision et d’humour : « Passant, ne pisse pas sur ma tombe / Les os recouverts d’un homme te le demandent / Mais si tu veux être le bienvenu/ mélange le vin, bois, et passe-moi la coupe. » Ou : « Vivant j’ai gagné de l’argent / je n’ai jamais cessé d’en perdre / De ces deux soucis / La mort m’a délivré. » Plusieurs épitaphes concernent des nouveau-nés, y compris des filles : « Unique sur la terre / Je suis venue au monde et je l’ai quittée / Le mê...