Les illusions perdues de saint François

À 25 ans, Francesco décide de vivre en conformité absolue avec l’Évangile. Il renonce à tous ses biens, quitte sa famille, et erre pieds nus dans les environs d’Assise vêtu d’une simple tunique de toile. Cet homme excentrique et doux qui soignait les lépreux, parlait aux animaux et se disait frère de toute la Création attira à lui des milliers de fidèles, qui essaimèrent dans l’ensemble de l’Europe. Mais la radicalité du message franciscain originel fut bien vite tempérée par une Église opulente en guerre contre les hérésies.

« Pourquoi toi ? » Un homme adressa un jour cette question à Francesco di Bernardone, celui que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de saint François d’Assise. Né en 1181 (1), François était chétif et ne payait pas de mine. Il portait une tunique crasseuse, avec un bout de corde en guise de ceinture, et allait pieds nus. Quand il prêchait, on le voyait souvent danser, fondre en larmes, pousser des cris de bête, se dévêtir pour ne garder que ses sous-vêtements, ou jouer de la cithare. Ses yeux noirs étincelaient. Bien des gens le jugeaient fou ou dangereux. On lui jetait de la boue. Les femmes, à son passage, s’enfermaient à double tour. Il acceptait tout cela sereinement. Les traits de caractère qui le firent d’abord passer pour un marginal sont ceux-là mêmes qui finirent par lui donner l’allure d’un saint. Ses paroles, écrit un témoin, étaient à la fois « apaisantes, brûlantes et pénétrantes ». Il avait l’art de « faire une langue de tout son corps ». Désormais, les cloches des églises le saluaient à son entrée dans une ville. Les gens récupéraient l’eau...
LE LIVRE
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François d’Assise, une nouvelle biographie de Les illusions perdues de saint François, Cornell University Press

ARTICLE ISSU DU N°60

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