Publié dans le magazine Books n° 74, mars 2016. Par John Cassidy.
Face à l’atonie de la croissance et à la menace qu’elle fait peser sur nos démocraties, un lord britannique, excellent connaisseur des marchés financiers, brise un tabou de la pensée économique orthodoxe : « Faites tourner la planche à billets ! » dit-il aux États qui ont les mains liées par leur dette. Rien de tel, pour relancer l’économie, que de verser de l’argent frais sur le compte des citoyens. Inflationniste ? Pas si sûr !
Le PIB offre une mesure de tous les biens et services produits par une économie au cours de l’année. Il indique aussi l’ensemble des revenus qu’elle génère, et la rapidité de sa croissance reflète la vitesse à laquelle l’ensemble d’un pays s’enrichit. Entre 1947 et 1974, le PIB des États-Unis a progressé en moyenne de 4 % par an environ, et le niveau de vie des ménages s’est considérablement amélioré durant cette période. Dans les années 1980 et 1990, la croissance a légèrement marqué le pas, mais en se maintenant en moyenne au-dessus de 3 %. Depuis 2001, en revanche, la donne a changé : le taux d’expansion est tombé au-dessous de 2 % – moins de la moitié de son niveau de l’après-guerre. Et de nombreux économistes pensent qu’il restera à cet étiage – au mieux, car il pourrait tomber encore plus bas. Dans les cercles où se conçoit la politique économique, une expression est ces temps-ci sur toutes les lèvres : « Stagnation séculaire. »
Ce terme, forgé par l’économiste Alvin Hansen au cours des années 1930, a trouvé une seconde vie grâce à Lawrence Summers, le célèbre économiste...