Palestine, chronique d’un poète inconnu

À près de 80 ans, Taha Muhammad Ali est encore inconnu, ou presque. Depuis quarante ans, cet Arabe israélien dit pourtant dans une langue unique la grandeur et la misère des petites gens de Palestine. Mais cet intellectuel humble, ce rescapé qui préfère l’appel du désir à celui du sang, passa longtemps inaperçu. Une biographie lui rend enfin hommage, éclairant du même coup le destin paradoxal des Arabes d’Israël.

Décrivant Angelus Novus, cette aquarelle de Paul Klee où un ange, les yeux écarquillés, déploie ses ailes, comme en état de choc, le philosophe Walter Benjamin émit cette hypothèse : « Tel est l’aspect que doit avoir nécessairement l’ange de l’histoire », tandis que la tempête du progrès, qui écrase tout sur son passage, l’entraîne inexorablement vers l’avenir et que, « jusqu’au ciel devant lui s’accumulent les ruines ». La tempête du progrès a rarement provoqué aussi terrible dévastation que lors des déplacements de populations nés de la création d’États-nations et de la consolidation des identités nationales après la Seconde Guerre mondiale. Qu’il s’agisse des Juifs et des Tsiganes en Europe, des Arabes en Palestine, des hindous et des musulmans en Inde et au Pakistan, des millions de personnes ont vu détruire leurs repères familiers et subi le déracinement dans un nouveau paysage, affectif et physique, de désert et de ruines.   Au cœur des soubresauts de l’histoire Face à ce vide créé par la main de l’homme, le...
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Mon bonheur n’a rien à voir avec le bonheur. Une vie de poète dans le siècle palestinien de Adina Hoffman, Yale University Press, 2010

ARTICLE ISSU DU N°18

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