Où est passé le crâne de Goya ?

Ce roman historique démarre en 1888, quand le consul d’Espagne à Bordeaux, Joaquín Pereyra, s’apprête à expatrier le corps du célèbre peintre espagnol Francisco de Goya, mort en exil soixante ans plus tôt. Mais une découverte inattendue met fin à ses plans : en ouvrant la crypte, il s’aperçoit que le squelette du peintre n’a plus de tête. Qui a profané la tombe et pourquoi ?


Le roman est basé sur un fait réel : le crâne de Goya a effectivement disparu. Son auteur développe deux intrigues parallèles. La première est située à Bordeaux en 1828. Le vieux Francisco de Goya, exilé à cause de la répression des libéraux par Ferdinand VII, sait que la fin de sa vie approche. Un fonctionnaire corrompu de la couronne espagnole engage le meilleur espion d’Europe pour l’assassiner à des fins de vengeance personnelle. La seconde intrigue se déroule en 1888, quand le consul Pereyra engage le meilleur détective de Paris pour découvrir où se trouve le crâne de Goya afin de pouvoir mener à bien sa mission de rapatriement des ossements du peintre. 


La partie du roman située en 1828 permet au lecteur d’entrer dans l’intimité de Goya. On y croise d’autres exilés espagnols opposés à Ferdinand VII, ainsi que son dernier amour, Leocadia Zorrilla, et sa fille Rosario. Figurent également deux jeunes gens qui ont aidé le peintre à accomplir ses dernières volontés : Juliet, une gouvernante aussi passionnée qu’indépendante, et Diego « El Niño », un courageux garde du corps qui a protégé la vie d’un Goya devenu sourd et presque aveugle, « sans cependant jamais cesser, écrit l’éditeur du livre, d’être ce génie brillant et charismatique qui attirait toutes sortes d’intérêts contradictoires, de tueurs à gages aux époux trompés… »


Dans un entretien avec le portail Valencia Plaza, l’auteur évoque la théorie la plus vraisemblable expliquant la disparition du crâne de Goya. La fin du XVIIIe et le début du XIXe siècle sont marqués par la vogue de la phrénologie (la connaissance des crânes), une pseudo-science d’après laquelle les principaux caractères sont localisés avec précision dans le cerveau et soutenant que la forme du crâne reflète ces localisations. On croyait ainsi possible de localiser le génie. Il s’en est suivi un trafic de crânes. Des tombes ont été profanées, des personnes vivantes se sont même vu proposer l’achat de leur crâne (« quand tu mourras, ta tête sera à moi et je te l’achète maintenant »). Comme celui de Goya, le squelette du compositeur Haydn a été retrouvé sans son crâne. Une enquête de police menée en 1820 a permis d’identifier les voleurs : deux adeptes de la phrénologie. 


Pour aller plus loin : https://www.books.fr/un-regard-noir-au-service-des-rois/

LE LIVRE
LE LIVRE

La última mirada de Goya de Javier Alandes, Contraluz, 2023

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