Orwell, Big Brother et le cerveau

La « novlangue » mise en place par Big Brother vise à exclure tout autre mode de pensée que celui qu’impose le Parti. Elle interdit les métaphores, efface le passé et le reconstruit sans cesse pour installer l’individu dans un univers parallèle au sien. Ce faisant, Big Brother s’en prend au fonctionnement même du cerveau.


©Columbia Pictures

Dans 1984 (ici l’adaptation de Michael Anderson, 1956), la novlangue estropie le langage avec une remarquable précision, ce qui se retrouve dans certains troubles neurologiques.

Dans 1984, le roman dystopique de George Orwell, le Parti se maintient au pouvoir grâce à un contrôle total des pensées et des actions des citoyens. Winston Smith, rédacteur au ministère de la Vérité, réécrit l’histoire en permanence. La novlangue (1), langue officielle de la société, écrit Orwell, « visait à exclure tout autre mode de pensée […] Il fallait donc créer de nouveaux mots, mais aussi et surtout éliminer les mots indésirables et dépouiller ceux qui restaient de leurs sens hétérodoxes, et d’ailleurs de tout sens second dans la mesure du possible. Prenons un seul exemple : le mot “libre” existait toujours, mais seulement dans des énoncés comme “ce siège est libre” » . Le sujet d’Orwell est bien sûr la politique et la société, pas les troubles neuro­logiques, mais 1984 livre cependant de remar­quables intuitions sur ces derniers. La novlangue est d’une grande précision, ce qui se retrouve dans certaines affections neurologiques. Certains ­patients sont inca­pables de comprendre les méta­phores ou les généralisations. Ils ne se soucient pas de se contredire. À la suite d’...
LE LIVRE
LE LIVRE

1984 de George Orwell, Gallimard (nouvelle traduction de Josée Kamoun), 2018

ARTICLE ISSU DU N°92

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