Objectif lune
Publié le 21 septembre 2018. Par La rédaction de Books.
Dr Robert Goddard / NASA
La sonde japonaise Hayabusa 2 est arrivée mercredi, après trois ans de voyage, tout près de son astéroïde-cible. Il y a moins d’un siècle l’idée même d’envoyer un objet vers la Lune était encore risible. Le physicien américain Robert H. Goddard pionnier dans la conception de fusées et dont le nom a été donné à un cratère lunaire, en a fait les frais. En 1919, il expose dans une publication scientifique intitulée « A Method of Reaching Extreme Altitudes » (une méthode pour atteindre des altitudes extrêmes) ses plans pour la construction d’une fusée à carburant solide et en profite pour décrire un engin hypothétique qui pourrait atteindre la Lune.
Il n’est pas le premier à suggérer la possibilité de vols spatiaux. Les écrivains, au premier rang desquels Jules Verne, ont déjà traité le sujet avec succès. Mais cela restait de la fiction. Le scientifique russe Constantin Tsiolkovski l’évoque aussi dans un article publié en 1903, mais faute de traduction notamment celui-ci n’atteindra l’Occident qu’au milieu des années 1920. Goddard est en première ligne et hérite du surnom de « Moon professor ». La presse se moque de lui. En 1920, The New York Times affirme qu’il semble lui manquer « les connaissances du niveau de l’école secondaire ». Les journaux français ne sont pas en reste. Pour L’Intransigeant, « le professeur Goddard a déclaré la guerre à la Lune ».
Mais le New York Times note tout de même que la fusée à carburant solide de Goddard semble réalisable et prometteuse. Le journal se montrera ensuite bienveillant tout au long de sa carrière et en 1969 au moment de la mission Apollo 11 lui présentera même des excuses. Pour Chris Gainor, historien des technologies, c’est cette suggestion de voyage vers la Lune, qui est la vraie contribution de Goddard aux vols spatiaux. « La publicité faite à cette importante affirmation, explique-t-il dans To a Distant Day, son ouvrage sur les pionniers des fusées, a inspiré de nombreuses personnes en Amérique, en Europe et en Russie qui ont commencé à travailler sur leurs propres engins. »
A lire dans Books : L’espace, de l’héroïsme à la routine, mars-avril 2018.