Publié en mars 2014. Par Stephen Holmes.
Le successeur de George Bush a fait des drones une arme ordinaire contre les « ennemis de l’Amérique ». Des milliers de terroristes présumés ont été exécutés sans jugement, parfois sur une simple présomption d’identité. L’efficacité militaire est indéniable. L’efficacité politique l’est tout autant, avec une opinion ravie de pouvoir se défendre sans combattre. À moins que… En nourrissant la colère des populations locales contre une Amérique à la brutalité indécente, les drones ouvrent un cycle de guerre sans fin.
« Ce n’est pas lié au fait d’essayer de ne pas conduire des gens à Guantánamo » : en ce 6 juin 2013, la syntaxe chantournée d’Eric Holder devant la sous-commission du Sénat trahit l’immense embarras du ministre de la Justice des États-Unis, qui s’efforce de défendre le programme d’assassinats ciblés du président Obama (1). Il n’est pas le seul des porte-parole de l’administration à peiner lorsqu’il faut répondre aux questions sur la politique américaine de largage de drones sur le monde.
1. La hantise des agents de la CIA
L’une des principales thèses du livre que Mark Mazzetti consacre au sujet est la suivante : la CIA et le Pentagone ont décidé de traquer et tuer les ennemis présumés pour éviter les méthodes extrajudiciaires de capture et d’interrogatoire adoptées par le prédécesseur d’Obama à la Maison-Blanche. L’auteur réitère l’accusation à de multiples reprises, avec un sens de l’euphémisme qui n’appartient qu’à lui : « En l’absence de possibilités de placer en détention les suspects de terrorisme, et faute de goût pour...