Ô taon, suspends ton vol !
Publié dans le magazine Books n° 121, septembre-octobre 2022. Par Tim Flannery.
Moustiques, taons, moucherons, mouches tsé-tsé : ces insectes à deux ailes ont en commun d’appartenir au gigantesque ordre des diptères et de nous causer toutes sortes de tracas. Mais nous aurions tort de leur vouer une haine mortelle car ils contribuent activement au recyclage des déchets, à la pollinisation des fleurs, à la recherche médicale et à l’élucidation des crimes.
Nous avons toutes les raisons de détester les mouches. Pourtant, nous entretenons avec elles des relations souvent intimes et d’une extrême complexité. En plus de nous agacer, de nous piquer et de nous contaminer, les mouches jouent un rôle dans notre alimentation, dans l’élimination de nos déchets organiques et dans la lutte contre nos parasites. Elles se repaissent également de notre corps après notre mort – et beaucoup ne s’en privent pas, même de notre vivant. La peur et la haine que nous vouons aux diptères, l’ordre des insectes auquel appartiennent les mouches, se manifestent dans le nom merveilleusement évocateur dont on affuble Satan : Belzébuth, « Sa Majesté des mouches » en hébreu.
La Mouche (1986), de David Cronenberg, classique de la science-fiction horrifique et remake d’un film sorti en 1958, traite de la relation entre la mouche et l’homme de manière résolument moderne. Une machine à téléportation ayant mélangé les gènes du scientifique Seth Brundle et ceux d’une mouche...