Publié dans le magazine Books n° 36, octobre 2012. Par Steve Coll.
On le sait peu, mais, en 2003, Téhéran a fait à Washington une offre ahurissante : la transparence totale de son programme nucléaire et le retrait de son soutien au Hamas et au Djihad islamique, en échange de la levée des sanctions. Une offre rejetée sans examen par l’administration Bush. Cet épisode rappelle que la diplomatie peut amener l’Iran à renoncer à la bombe, comme l’ont fait l’Afrique du Sud et d’autres pays.
Le 25 mai 1986, un avion israélien banalisé transportant des pièces détachées de missiles Hawk se posait à Téhéran. À son bord, un jeune conseiller du contre-terrorisme israélien, plusieurs agents de la CIA et deux membres du Conseil national de sécurité du président Reagan, Oliver North et Howard Teicher. Robert « Bud » McFarlane, qui venait de quitter ses fonctions de conseiller pour la sécurité nationale, faisait office de chef officieux de cette délégation secrète.
La mission ? Livrer des armes au régime de l’ayatollah Khomeiny, dans l’espoir de faciliter la libération des otages américains détenus au Liban par le Hezbollah, client de Téhéran. Reagan avait approuvé cet échange illégal armes contre otages, mais l’idée avait d’abord germé dans les milieux israéliens de la Défense. Informés du plan, certains membres de l’administration Reagan le jugèrent d’emblée aussi stupide que nous pouvons le faire rétrospectivement, vingt-six ans plus tard.
L’expédition s’acheva piteusement : l’équipe de McFarlane dut quitter précipitamment son hôtel de Téhéran pour échapper à des militants radicaux...