Néandertal et les oiseaux
Publié le 13 septembre 2019. Par La rédaction de Books.
257 empreintes de pied de Néandertaliens conservées depuis 80 000 ans sous le sable normand. L’équipe d’archéologues qui étudie ce site extraordinaire près de Rozel a publié le bilan de ses recherches le 9 septembre dans la revue scientifique Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America. Elle évoque la présence d’un groupe de 10 à 13 individus majoritairement des enfants et des adolescents. Il est très difficile d’imaginer la vie en société de l’homme de Néandertal. D’autant qu’Homo neanderthalensis, qui a évolué parallèlement à Homo sapiens jusqu’à il y 50 000 ans, a été victime de nombreux préjugés. Dès la découverte des premiers squelettes, les chercheurs ont insisté sur ses différences avec l’homme moderne, grossissant parfois le trait jusqu’à en faire le représentant du parfait « homme des cavernes » : court sur pattes, brutal et laid.
L’archéologue Clive Finlayson lutte activement contre ces stéréotypes. Dans son dernier livre, The Smart Neanderthal, il exploite une découverte qu’il a fait avec son équipe dans les grottes de Gibraltar occupées par Néandertal, entre il y a 125 000 et 30 000 ans. Ce passionné d’ornithologie s’est intéressé aux restes d’oiseaux retrouvés sur ces sites. Il a identifié les fossiles de 160 espèces, soit 30% des espèces d’oiseaux que nous connaissons de cette époque. Passereaux, canards, aigles… les volatiles sont de toutes les tailles et ont des comportements très différents, ce qui implique, selon Finlayson, que Néandertal devait avoir une certaine intelligence pour les chasser tous. Et les marques d’outils retrouvées sur leurs os montrent que certaines espèces étaient prisées pour leur viande et d’autres pour leurs plumes et leurs serres. Finlayson va jusqu’à imaginer les ornements que Néandertal pouvait créer grâce à ces éléments. Selon lui, les Néandertaliens étaient capables d’abstraction (il a retrouvé dans ces mêmes grottes des lignes gravées ressemblant à un dièse), ce qui signifie qu’ils avaient des compétences cognitives similaires à celle de l’homme moderne.
À lire aussi dans Books : Ce Néandertal qui vit en nous, janvier 2015.