Publié dans le magazine Books n° 83, mai / juin 2017. Par Bartholomäus Grill.
Le gouvernement de Berlin ne rechigne plus à qualifier de « génocide » les massacres commis contre le peuple herero par les troupes de Guillaume II au tout début du XXe siècle. Les descendants des colons allemands, eux, nient farouchement cette thèse. Avec, parfois, des arguments dignes d’intérêt.
Était-ce un génocide ? « Pas du tout ! rétorque Hinrich Schneider-Waterberg. La puissance coloniale allemande n’avait pas le projet d’exterminer le peuple herero. » Le vieil homme est assis sous la véranda de sa ferme, dans le nord de la Namibie, et contemple l’imposant massif rocheux qui a donné son nom à sa famille : le Waterberg, « la montagne de l’eau ». Les parois à pic rougeoient dans la lumière du matin. À leur pied, des plaines à perte de vue.
« C’est une terre marquée par l’histoire. C’est ici qu’en 1904 a commencé ce qui a prétendument débouché sur un génocide », explique Schneider-Waterberg en se rendant, appuyé sur une canne, dans sa bibliothèque. Aux murs, une trentaine de vieilles cartes du pays, partout des piles de papiers, des documents, des livres d’histoire – rien que sa collection concernant la Namibie comporte plus d’un millier d’ouvrages. C’est ici qu'il s’est plongé dans l’histoire de son pays, c’est ici que se trouvent les sources de son livre controversé
Der Wahrheit eine Gasse, une tentative de réfuter la thèse d’un génocide allemand.
Ancien...