Publié dans le magazine Books n° 31, avril 2012. Par Charlie Huenemann.
Ce socle stable de nos sensations, pensées et désirs que nous appelons le « moi » n’est qu’une illusion, produite de concert par différentes aires du cerveau.
Dans les affres du doute radical, Descartes était néanmoins sûr d’une chose : qu’il existait, en tant que chose pensante. Nulle ruse, semble-t-il, n’aurait pu lui faire croire qu’il existait alors que ce n’était en réalité pas le cas – au minimum parce que personne ne peut jeter de la poudre à des yeux inexistants. Mais si Julian Baggini a raison, l’assurance dont Descartes faisait preuve sur ce point est excessive. Tout indique que le moi n’existe pas, sauf comme illusion tenace. C’est la « ruse » dont parle le titre du livre : la « façon remarquable dont un entrelacs complexe de phénomènes mentaux, rendus possibles par le cerveau, produit un moi unique, sans qu’existe un élément unique qui lui corresponde ».
Que serait le moi, s’il existait vraiment ? Certains d’entre nous ont peut-être l’impression qu’il s’agit d’une sorte de colonne à l’intérieur de notre corps, allant du cœur au cerveau, en passant derrière les yeux et la bouche, et entre les oreilles. Bien sûr, nous savons que cette colonne n’existe pas vraiment, mais nous pensons quand même...