Méconnu – Ainsi parlait Zarathoustra
Publié dans le magazine Books n° 20, mars 2011.
Une nouvelle traduction des écrits zoroastriens réserve quelques surprises.
Pour son malheur, Zarathoustra, qui vécut vraisemblablement vers 1000 av. J.-C., fut le fondateur d’une religion que l’islamisation de sa patrie, l’Iran, a très largement marginalisée. On a du coup tendance à sous-estimer son apport dans l’histoire spirituelle du monde. Or, « Zarathoustra fut (avec Akhenaton) le premier à prêcher un rigoureux monothéisme et à prétendre détenir une vérité exclusive. Le premier, aussi, à voir l’histoire du monde comme un processus linéaire caractérisé par une guerre permanente entre les puissances du Bien et du Mal. Le premier, enfin, à prophétiser un jugement dernier, au cours duquel tout le mal et tous les méchants seraient anéantis », rappelle Harald Strohm dans la Neue Zürcher Zeitung. Ce spécialiste des religions antiques fait l’éloge d’une nouvelle traduction des écrits zoroastriens. Parmi les trouvailles de cette dernière, une réinterprétation du mot « Graehma », l’une des nombreuses insultes dont le véhément Zarathoustra gratifiait ses adversaires, longtemps traduite par « dévoreur d’offrandes ». Il semblerait en fait qu’il renvoie à l’herbe, qui, à l’époque comme aujourd’hui, servait aussi à désigner le...