Publié dans le magazine Books n° 81, janvier / février 2017. Par Colin Dickey.
Les adorables félins que nous aimons tant sont d’incorrigibles tueurs en série, qui exterminent chaque année des milliards et des milliards de volatiles, entre autres. Il faut les stériliser, les euthanasier, plaide le parti des oiseaux, entré en guerre contre celui des chats. Chacun d’eux se réclamant du « naturel ». Mais au fait, qu’est-ce que le « naturel » ?
Imaginez un monde sans chats. Imaginez un monde sans chasseurs de souris, sans animaux de compagnie, sans boules de poils qui viennent se frotter contre vos jambes et miauler à l’heure du dîner. Imaginez un monde sans rien qui retombe toujours sur ses pattes, rien de suspendu au bout d’une branche pour vous encourager d’un « Accroche-toi ! » humoristique (1). Imaginez un monde sans ces images de chats, grincheux ou joueurs, qui circulent sur les réseaux sociaux. Bref, imaginez un monde sans chats.
Pas facile. Ce félin est omniprésent dans nos vies, en tant que chasseur de nuisibles, compagnon loyal, réservoir inépuisable de métaphores et autres comparaisons culturelles ou encore sujet de blagues entre internautes. Ce dernier phénomène étant la plus récente, mais non la moindre, des conquêtes du chat. L’animal se retrouve invariablement en tête de tout ce qui se partage, se retweete, se like, se place en favoris ou s’adore, chaque jour que Dieu fait, dans notre vie connectée : têtes de matou prises en sandwich entre deux tranches de pain, chats essayant de tenir dans une boîte en carton ou perchés...