Publié dans le magazine Books n° 99, juillet/août 2019. Par Maciej Zaremba.
La forêt primaire suédoise vit ses dernières heures. À la place surgissent des plantations de jeunes sapins destinés à fabriquer de la pâte à papier ou d’autres produits du bois. Un bouleversement majeur dans une culture attachée plus que nulle autre à ses vieux arbres.
Peut-être était-ce à cause du chien qui aboyait. Toujours est-il que, quand Hans Åfeldt a regardé par la fenêtre de la cuisine, il a aperçu un homme à la lisière de son terrain. L’homme était habillé en vert et portait sous le bras un rouleau de ruban de chantier jaune et rouge dont il nouait des petits bouts autour des troncs d’arbre. C’est comme ça que Hans Åfeldt a appris que la forêt qui était la raison de son installation à Storfors
[dans le centre de la Suède] six ans plus tôt allait être abattue. Pour quand la coupe rase était-elle prévue ? L’homme en vert ne savait pas exactement. D’ici quelques semaines, peut-être, ou vers Noël.
C’était juste avant la Saint-Jean. À compter de ce jour et pendant les six mois qui ont suivi, Hans Åfeldt et ses voisins ont appris tout ce qu’il y avait à savoir sur la politique forestière suédoise. Et ils ont découvert des tas de choses. Une, surtout.
« Notre forêt », disent Hans Åfeldt et ses voisins en parlant des conifères qui se dressent devant chez eux....