Publié dans le magazine Books n° 105, mars 2020. Par Olivier Postel-Vinay.
Une sourde querelle perdure entre tenants des déterminants socioculturels et partisans de l’explication biologique. En réalité, les deux approches se complètent. Pour rendre compte de la propension des hommes à l’agression, il faut aussi se tourner vers la génétique et l’évolution d’Homo sapiens.
« Pendant de nombreuses années, nous n’avons même pas eu le droit de dire qu’il existe des différences cérébrales entre les sexes », constatait en 2005 Jill Goldstein, professeure de psychiatrie à l’école de médecine de Harvard. Heureusement, on n’en est plus là, se réjouissait-elle en conclusion d’un article publié dans la prestigieuse revue
Science sur l’état des connaissances sur le sujet. Mais les choses avaient-elles réellement changé, et ont-elles beaucoup changé depuis ? On peut en douter.
Dans la préface de son livre « Le genre du cerveau »
1, la neuroendocrinologue britannique Melissa Hines écrivait : « En commençant à travailler sur les différences entre les sexes, j’ai été surprise de constater la polarisation de la recherche dans ce domaine. En général, les chercheurs traitent leur sujet soit dans une perspective sociale, soit sous l’angle hormonal ou génétique. Ils peuvent reconnaître du bout des lèvres l’intérêt de l’autre point de vue, mais il est rare qu’ils essaient sérieusement de l’intégrer. Pis, ces deux points de vue sont souvent...