Margaret Atwood en poèmes
On ignore souvent que Margaret Atwood, romancière canadienne à succès, a fait son entrée en littérature en tant que poète. The Door (« La Porte »), le recueil de poèmes qu’elle a publié en 2007 après dix années consacrées au roman et à la nouvelle, paraît en français aujourd’hui chez l’éditeur québécois Le Lézard amoureux. L’occasion de découvrir une facette moins connue de son œuvre.
« Le climat poétique d’Atwood », écrivait Jay Parini dans le Guardian, en septembre 2007, « est un climat nordique, plein de scènes hivernales, de lourdes pluies d’automne, de vies éclatées et de relations humaines insolites ». Un climat qui favorise l’introspection. Dans la pièce intitulée « Poetry Reading », l’auteur s’interroge ainsi sur les raisons profondes de son engagement dans l’écriture : « Nul ne t’a contraint à cela / À jouer avec les syllabes et la douleur… / Tu aurais pu être maçon / Tu aurais pu être dentiste / Blindé. Impénétrable ». Mais elle finit par reconnaître dans la création littéraire son véritable lien avec le monde.
Dans un autre poème, « It’s Autumn », Atwood donne libre cours à sa sensibilité écologique, bien connue de ses lecteurs, en dressant un tableau peu flatteur des chasseurs modernes. Elle regrette que les forêts soient remplies de « vieillards irascibles / Qui rôdent en tenue camouflée / S’imaginant que personne ne les voit » mais qui n’ont « ni la patience / ni les remords d’un vrai chasseur ».
Impressionné par les qualités formelles du recueil, Parini souligne « la consistance plaisante de ces poèmes, toujours composés de vers libres et fluides, dans un style robuste et clair », ainsi que la légèreté du ton : « L’esprit et l’humour d’Atwood sont omniprésents, et les poèmes ont, pour la plupart, une chute ironique ».