Publié dans le magazine Books n° 105, mars 2020. Par Andrew J. Lees.
Le LSD et autres hallucinogènes sont interdits dans le monde entier depuis cinquante ans. Avant de devenir des drogues récréatives à la fin des années 1960, ils intéressaient les chercheurs pour leurs vertus thérapeutiques. Les travaux sur leur potentiel dans le traitement de la dépression ou des addictions reprennent.
En 1938, le chimiste suisse Albert Hofmann, qui travaille pour les laboratoires Sandoz, à Bâle, synthétise une série de nouvelles molécules à partir de l’acide lysergique. L’une d’elles, qui sera commercialisée plus tard sous le nom d’Hydergine, semble très prometteuse pour le traitement de l’artériosclérose cérébrale. Hofmann ne poursuit pas les recherches sur un autre composé, le diéthylamide de l’acide lysergique (LSD), mais a le « pressentiment étrange » que « cette substance pouvait avoir d’autres propriétés pharmacologiques que celles mises en évidence lors des premières analyses », comme il l’expliquera dans son autobiographie
LSD, mon enfant terrible 1.
En 1943, il synthétise à nouveau du LSD. Alors qu’il en est à la phase de cristallisation, il se met à éprouver d’étranges sensations. Il relate son premier « trip » accidentel dans un rapport adressé à son supérieur hiérarchique : « À mon domicile, je me suis allongé et j’ai sombré dans un état second, qui n’était pas désagréable puisqu’il m’a donné à voir des images fantasmagoriques extrêmement inspirées. J’étais dans un état crépusculaire,...