Publié dans le magazine Books n° 47, octobre 2013. Par Carlos Geli.
Federico García Lorca, homosexuel, aimait Salvador Dalí. Le peintre, lui, l’a toujours éconduit mais a longtemps joué de la séduction qu’il exerçait sur le poète. Leur correspondance est fascinante.
« Tu es une bourrasque chrétienne et tu as besoin de mon paganisme […]. Je viendrai te chercher pour que tu fasses une cure de mer. Ce sera l’hiver et nous allumerons un feu. Les pauvres bêtes seront transies de froid. Tu te rappelleras que tu es l’inventeur de choses merveilleuses et nous vivrons ensemble avec un appareil photo. » C’est un Salvador Dalí passionné qui, à l’été 1928, écrivait ces mots à son ami Federico García Lorca. En réalité, c’était plus qu’une amitié : « Un amour érotique et tragique, du fait de ne pouvoir le partager », expliquerait le peintre en 1986, dans une lettre envoyée à
El País en réponse aux commentaires du biographe anglais de Lorca, Ian Gibson (1), qu’il accusait de sous-estimer leur attachement, « comme si c’était un roman à l’eau de rose ».
La relation entre ces deux génies (2) a duré, avec des hauts et des bas, de 1923 à 1936 et a donné lieu, outre leur collaboration artistique, à une intense correspondance, une sorte de conversation particulière commencée en 1925, dont on peut lire pour la première fois l’intégralité dans
Querido Salvador, Querido Lorquito (« Cher Salvador,...