Publié dans le magazine Books n° 99, juillet/août 2019. Par Thierry Grillet.
Quand le romancier Richard Powers a découvert que les séquoias de Californie étaient promis à la tronçonneuse, son écriture et sa vie en ont été bouleversées. Il en est résulté une ode à la préservation des arbres. Un exemple aussi de littérature engagée, avec les risques que cela comporte.
Nouvel appel de la forêt du début du XXI
e siècle,
L’Arbre-Monde est le douzième roman de ce maître de la littérature réaliste qu’est le romancier américain Richard Powers.
Trois fermiers s’en vont au bal (2004) était une enquête sur la célèbre photographie d’August Sander qui immortalisait, dans l’Allemagne de Weimar, trois paysans sur le bord d’un chemin.
La Chambre aux échos (2008), roman de la neurologie, est la chronique virtuose d’un cerveau affecté de l’étrange syndrome de Capgras. Physicien de formation, Richard Powers bâtit ses histoires sur une abondante documentation, puisant sa matière dans les sciences, modernes pourvoyeuses de fictions.
L’Arbre-Monde est né tout autrement, de l’apparition, quasi miraculeuse, d’un arbre. « Je me promenais dans les montagnes de Californie, sous de jeunes séquoias, lorsque je suis tombé sur un très vieil arbre, épargné sans doute par la tronçonneuse. Il était aussi large qu’une maison, aussi haut qu’un terrain de football est long et aussi vieux que le roi Arthur. Quand j’...