Six dogmes pour un non-art
Publié dans le magazine Books n° 46, septembre 2013. Par Avelina Lesper.
Artistes, critiques et commissaires d’exposition forment désormais un trio infernal, qui décide ce qui doit être considéré comme de l’art. Au mépris de toute considération esthétique. Nimbé de professions de foi bien-pensantes, ce grand bazar du n’importe quoi est aussi une véritable religion, imperméable à la contestation. Son dogme le plus pernicieux ? Le « tous artistes » qui, au nom de la démocratisation de l’art, n’a engendré que la démocratisation de la médiocrité.
On accueille aujourd’hui dans les musées des objets dénués de valeur esthétique, présentés comme étant de l’art, au nom du dogmatisme : par soumission totale aux principes imposés par une autorité. En théologie, un dogme est une vérité ou une révélation divine que l’on impose aux fidèles pour qu’ils y croient. Kant opposait philosophie dogmatique et philosophie critique, ainsi que l’usage dogmatique de la raison à l’usage critique de la raison. Le dogme ne tolère aucune réplique ni aucun questionnement, il existe a priori.
Le dogme est une croyance, car sans l’intervention de la foi, il ne peut être assimilé par la connaissance. Le théoricien de l’art Arthur Danto compare à la foi chrétienne celle qui permet de transformer un objet de la vie courante en objet d’art ; pour lui, c’est dans cette transfiguration que se trouve la signification de l&...