L’illusion de la liberté
Publié en février 2025. Par Books.
Si vous avez la faiblesse de croire que vous disposez d’une once de libre arbitre, d’une faculté d’agir indépendante de ce qui vous détermine, vous êtes victime d’un vieux préjugé, assène le neurobiologiste de Sanford Robert Sapolsky. Un préjugé auquel nous nous accrochons avec une « ténacité féroce ». Les études scientifiques les plus poussées le montrent, nous n’exerçons aucun contrôle sur les déterminants biologiques, environnementaux et culturels qui ont façonné nos ancêtres et continuent de nous façonner jusqu’à l’instant présent. Nous ne sommes d’ailleurs que des maillons dans un univers déterministe, car « tout ce qui est advenu était destiné à advenir ». Ceux qui pensent le contraire avancent des arguments « ridicules et absurdes ». De fait, si « l’on met bout à bout tous les résultats scientifiques de toutes les disciplines concernées, il n’y a pas de place pour le libre arbitre ».
Développé sur 500 pages, ce point de vue radical est à son tour ridiculisé par l’historienne des sciences Jessica Riskin, sa collègue à Stanford. Ce n’est pas parce que les sciences n’ont pas identifié les ressorts du libre arbitre que celui-ci est à jeter à la poubelle, écrit-elle dans un long article publié dans la New York Review of Books. La question du libre arbitre ne ressort pas de la science, soutient-elle, mais de la philosophie. Elle estime que Sapolsky, un auteur à succès, est victime sans le savoir d’une longue tradition déterministe dont elle retrace les étapes : Calvin, Newton, l’anglican William Paley, le physicien français Laplace et les biologistes qui ont malheureusement rigidifié la théorie de Darwin August Weismann et Ernst Mayr – entre autres.