L’ignorance de l’électeur

Si le citoyen ordinaire était motivé par la chose politique et suffisamment informé pour voter en connaissance de cause, cela se saurait. Comment, dès lors, comprendre le sens du vote en démocratie ? Les théoriciens s’affrontent.


À chaque campagne présidentielle, on voit resurgir les sempiternels articles de presse sur les indécis. Pour ceux qui s’identifient fortement à un parti, ces électeurs flottants passeraient presque pour des extra-terrestres. De leur point de vue, voter à droite, c’est voter pour une certaine conception du gouvernement, et voter à gauche, c’est voter pour une philosophie clairement distincte. Cette différence leur semble tellement évidente qu’ils ne comprennent pas comment il est possible de ne pas la percevoir, de se décider en fonction de la personnalité d’un candidat ou du simple fait que sa position sur telle ou telle question paraît « se tenir » ou pas. Pour l’indécis, en revanche, l’électeur qui opte toujours pour le même parti, en toutes circonstances, a des allures de dangereux fanatique. Quel est le plus rationnel et le plus responsable de ces deux types de citoyen ? Tous les professionnels, dont le métier est d’appâter le poisson, vous le diront : la philosophie politique n’est pas le meilleur hameçon. Un manuel politique, « Gagner une élection », conseille ainsi aux hommes de l’art de ne pas s’imaginer que les positions prises par leur...
LE LIVRE
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L’électeur de raison. Communication et persuasion dans les campagnes présidentielles de Samuel L. Popkin, University of Chicago Press, 1991

ARTICLE ISSU DU N°17

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