Libres et égaux… really ?
Publié en janvier 2025. Par Books.
Si vous souhaitez vous rafraîchir en lisant un livre dont les idées sont à l’exact opposé du trumpisme et du muskisme, vous ne serez pas déçu(e) en vous plongeant dans celui du jeune économiste britannique Daniel Chandler, Free and Equal. Il s’est trouvé un gourou inattendu : le philosophe américain John Rawls, dont la Théorie de la justice (1971) est considérée par certains comme l’œuvre intellectuelle la plus importante du XXe siècle. Dans un style alerte et clair, Chandler commence par présenter la théorie de Rawls, avec une grande précision. Selon Rawls, si nous jetions un « voile d’ignorance » sur nous-mêmes et notre environnement, la quête d’une société équitable aboutirait à formuler trois principes. Le premier est que toute personne puisse revendiquer les mêmes droits et libertés que les autres. Le second est que les inégalités sociales et économiques, inévitables, soient subordonnées au fait que les emplois et postes divers soient ouverts à tous et, paradoxe remarquable, qu’en dernière analyse elles bénéficient aux membres les plus défavorisés de la société, de façon à les faire sortir de l’indigence. Le troisième est que le résultat global ne défavorise pas mais au contraire bénéficie aux générations suivantes.
Une fois posés ces beaux principes, Chandler s’attelle à la tâche plus ingrate de savoir quelles mesures prendre pour les appliquer. De quoi faire frémir la droite libérale au grand complet et, à vrai dire, une bonne partie de la gauche. Qu’on en juge : un revenu universel à hauteur de 60 % du revenu médian, suppression des écoles privées, interdiction du financement privé des partis politiques, un taux de prélèvements obligatoires frisant les 50 %... Même le commentateur du Guardian s’en étrangle : « Qui va voter pour des hausses d’impôt aussi massives ? », écrit Stuart Jeffries.