L’homme et la mer
« Ceux-là ont vu les œuvres de Yahvé, ses merveilles parmi les abîmes », lit-on dans le livre des Psaumes. Tous les peuples ne sont pas marins. Certains pays sont enclavés, parfois au fin fond d’un continent et, encore aujourd’hui, une bonne partie de l’humanité n’a jamais vu la mer. Mais Homo sapiens a franchi de belles étendues d’eau salée voici 60 000 ans. Et la mer, peut-on soutenir, a fondé la civilisation occidentale. Les Grecs subtils, les hardis Vikings, les rusés marchands hanséatiques et génois, les navigateurs portugais, puis britanniques et américains ont ouvert les océans au commerce mondial et transformé la géographie politique. Même l’Empire du Milieu n’est pas en reste . Hemingway entre en résonance avec Lu Yan, poète chinois du XIIe siècle : « Toujours plus loin dans mon esquif léger, mon cœur bondit dans des élans de joie. »
La mer couvre 71 % de la surface de la planète et détermine le climat, dans des conditions encore bien mal connues. Elle porte 90 % du commerce mondial, assure les communications haut débit et fournit à un milliard d’hommes leur principale source de protéines. L’océan est le lieu de drames et de tragédies sans nom, comme en témoignent aujourd’hui encore les naufrages de bateaux remplis de réfugiés. C’est aussi une nouvelle source d’inquiétudes, pour les atolls du Pacifique et les basses terres de pays très pauvres, pour le devenir des poissons ou des coraux, ou encore en raison des énormes quantités de déchets qui s’y accumulent.
La mer « couleur de lie de vin » dont parle Homère est chantée sous toutes les latitudes. Source infinie d’inspiration pour les peintres, les photographes et les écrivains, elle a nourri les fantasmes les plus divers avant de devenir l’affaire de scientifiques passionnés qui auscultent les cachalots, sondent les abysses ou comptent les méduses à mains nues. Pour clore ce numéro, une histoire extraordinaire parmi tant d’autres, celle d’un petit pêcheur salvadorien qui a dérivé deux ans sur son bateau.