L’éternelle fiction de l’amour

Comment est-il possible qu’à notre époque nous croyions encore dur comme fer à l’amour avec un grand A ? C’est peut-être la seule manière qui nous reste de satisfaire notre besoin de transcendance, notre désir de dépasser la condition humaine.

Lors de mon premier mariage, la principale lecture de la Bible était un extrait de la première épître de saint Paul aux Corinthiens. Vous connaissez ce texte, qui ne parle que de foi, d’espérance et d’amour : « L’amour est patient, il est plein de bonté ; l’amour n’est pas envieux ; l’amour ne se vante pas, il ne s’enfle pas d’orgueil, il ne fait rien de malhonnête, il ne cherche pas son intérêt, il ne s’irrite pas, il ne soupçonne pas le mal, il ne se réjouit pas de l’injustice, mais il se réjouit de la vérité ; il excuse tout, il croit tout, il espère tout, il supporte tout. » En fait, le texte lu lors de notre cérémonie plutôt traditionnelle était tiré de la traduction du roi Jacques (1), qui emploie le mot « charité » plutôt qu’« amour », glissement sémantique non dénué de conséquences, car ce que nous comprenons aujourd’hui comme l’amour entre partenaires sexuels engagés l’un envers l’autre n’a rien à voir avec la bienfaisance. Quand le prêtre proclame : « Or...
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Tristan et Iseult de Richard Wagner, L'Escalier, 2013

ARTICLE ISSU DU N°82

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