À 66 ans, Cristóbal Hara est l’un des photographes les plus singuliers de sa génération. Par son itinéraire et sa formation. Né à Madrid de mère allemande, il a passé ses premières années aux Philippines et aux États-Unis, avant de revenir en Espagne. Il deviendra ensuite un étudiant désargenté en Allemagne. Fuyant la conscription franquiste, la découverte admirative de l’œuvre de Cartier-Bresson le persuade de devenir photographe.
Il réalise sa première exposition dès 1974 au Victoria et Albert Museum de Londres. Singulier aussi par son évolution artistique. Jusqu’à l’approche de la trentaine, il travaille exclusivement en noir et blanc – où ses images, à la Bresson, importent plus par leur forme que par leur contenu – avant de se convertir totalement à la couleur. Singulier encore par son approche, solitaire et vagabonde, du seul objet qui l’accapare et le fascine : l’Espagne profonde. Il se met au volant de sa vieille Volvo et s’immerge, pendant des mois, dans les villages, notamment lors des fêtes traditionnelles, religieuses ou païennes. Processions, christs en croix, faux enterrements et vrais cercueils. Apprentis toréadors, aficionados et taureaux sanguinolents. Enfants, vieillards, rues désertes...