Publié dans le magazine Books n° 42, avril 2013. Par Jared Diamond.
Pourquoi certains pays s’enrichissent-ils et d’autres pas ? Pourquoi une telle divergence historique entre l’Europe et l’Afrique ? La qualité des institutions joue certes un rôle essentiel, mais la situation géographique, les ressources naturelles et l’état de l’environnement comptent aussi beaucoup. Et pour vraiment comprendre, il faut remonter loin en arrière, jusqu’à la révolution agraire du néolithique.
La clôture qui divise la ville de Nogales participe d’une véritable expérience in vivo sur l’organisation des sociétés humaines. Au nord, la bourgade américaine de Nogales, Arizona ; au sud, la bourgade mexicaine de Nogales, Sonora. Côté américain, le revenu moyen et l’espérance de vie sont plus élevés, la criminalité et la corruption plus faibles, la santé et les routes meilleures, les élections plus démocratiques. L’environnement et la population sont pourtant semblables de part et d’autre du mur.
Cet exemple, sur lequel s’ouvre le livre de Daron Acemoglu et James Robinson,
Why Nations Fail, est la parfaite illustration en miniature de leur sujet. La Norvège, le pays le plus prospère de la planète, est 496 fois plus riche que le Burundi, nation la plus pauvre (leur revenu par habitant est respectivement de 84 290 et 170 dollars, selon la Banque mondiale). Pourquoi ? C’est la grande question de la science économique.
Différents spécialistes proposent des thèses différentes sur l’importance relative des facteurs à l’origine de la plus ou moins grande richesse des nations. L’élément le plus...