Les sortilèges de Shéhérazade

Dans le monde arabe, Les Mille et Une Nuits étaient traditionnellement considérées comme une forme de littérature de gare. Qu’y a-t-il, d’ailleurs, de proprement arabe dans cet immense palimpseste où se mêlent les contes d’époques et de civilisations différentes ? Nul ne le sait. Mais peu importe, tant ces textes nous parlent.


George Barbier (signé LARRY), Shéhérazade, 1910, aquarelle.
Le texte original, authentique et véritable des Mille et Une Nuits (en arabe, Kita-b ‘Alf Laylah wa-Laylah) a tout d’un animal mythologique. Il contient bien plus de mille et une nuits car, sur les trente-quatre histoires des XIVe et XVe siècles qui forment le cœur de l’ouvrage, sont bientôt venus se greffer d’autres contes en langue arabe ou persane, issus des civilisations médiévales de Bagdad ou du Caire, puis d’autres en hindi, en urdu, en turc, colportés par les pèlerins et les croisés, les marchands et les pirates au terme d’une multitude d’allers-retours sur terre et sur mer. Vinrent ensuite les récits ajoutés par les traducteurs européens, ainsi que les adaptations (de la peinture au cinéma) et les versions revues et corrigées imaginées par les romanciers et les poètes modernes. Il n’existe pas de table des matières qui fasse consensus. Comme le souligne Marina Warner au début de son livre enchanteur, « les histoires elles-mêmes se métamorphosent » et le livre, comme « l’un de ces génies qui jaillissent d’une jarre...
LE LIVRE
LE LIVRE

Une magie plus étrange de Marina Warner, Chatto and Windus, 2011

ARTICLE ISSU DU N°40

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