Publié dans le magazine Books n° 62, février 2015. Par Books.
Des métiers à tisser du xixe siècle aux robots des usines automobiles, le développement industriel a toujours consisté à remplacer une maind’oeuvre humaine chère, faillible et pas toujours docile, par des machines toujours plus efficaces. Aujourd’hui, les progrès de l’intelligence artificielle et de la robotique menacent d’étendre cette tendance à des professions qu’on croyait des bastions imprenables du travail humain. Votre emploi est-il menacé ? Réponse dans nos pages.
Le chômage progresse : la faute à qui, la faute à quoi ? Quelques mises en garde s’imposent. S’il progresse en France, il recule ailleurs, comme en Allemagne et aux États-Unis. Les données statistiques sont à prendre avec des pincettes. En France, on compte près de 3,5 millions de chômeurs de catégorie A, ceux qui ne sont (apparemment) rémunérés pour aucun travail. Mais si l’on y ajoute les autres catégories, ceux qui travaillent un peu, sont en stage etc., cela donne plus de 5 millions de personnes. Aux États-Unis, le taux de chômage est de 5,8 %, soit près de la moitié du taux français, mais les Américains calculent aussi un taux de sous-emploi, qui lui, bien qu’en baisse depuis la crise de 2009, flirte avec les 12 %.
Tout le monde s’accorde sur le fait que la progression très rapide du numérique dans l’industrie et les services restructure et va continuer à restructurer le monde du travail. Accord aussi quant à l’impact du numérique, dans bien des secteurs, sur la nature des tâches et la qualité de l’emploi. Trois points font débat :
• l’ampleur de la mutation en cours ou à venir : certains évaluent à 30 % voire 50 % le nombre des emplois exposés à un « haut risque » de numérisation dans les deux prochaines décennies ;
• l’impact de cette restructuration sur la hiérarchie des revenus : d’aucuns voient se profiler une société à bas salaires, coiffée par une élite très bien payée ;
• l’effet sur le taux d’emploi. Fondée sur l’expérience historique, la théorie économique classique invite à l’optimisme : les nouvelles technologies détruisent des emplois mais en génèrent de nouveaux, et même si parfois on observe un temps d’adaptation entraînant un chômage accru, au bout du compte le taux d’emploi retourne à la normale, avec des rémunérations supérieures. Mais les transformations induites par le numérique sont telles que l’on voit se multiplier les Cassandre nous promettant une hausse structurelle du chômage.
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