Publié dans le magazine Books n° 62, février 2015. Par Hugh Eakin.
Voici un pays arabe dont on ne parle jamais, car épargné par les conflits qui déchirent le Moyen-Orient. En bons termes avec l’Iran comme avec les États-Unis, Oman résiste aux desiderata saoudiens et pratique un despotisme savamment dosé. Cette « différence » est incarnée par le sultan Qabous, un souverain habile qui a bâti dans l’ombre une profonde stratégie d’influence. Mais l’heure de sa succession a sonné.
Le 12 mars 2014, le président iranien Hassan Rohani, accompagné de ses ministres des Affaires étrangères et du Pétrole, du président de la banque centrale et d’autres hauts responsables du pays, survolait d’un saut de puce le golfe d’Oman pour rejoindre Mascate, la capitale du sultanat du même nom. Occupant la pointe orientale de la péninsule Arabique, là où le golfe Persique rejoint la mer d’Arabie, Oman appartient à une partie du monde arabe connue pour son hostilité envers la République islamique. Plusieurs de ses proches voisins, dont le Qatar, le Koweït et l’Arabie saoudite, sont engagés, en Syrie, dans une guerre par procuration de plus en plus brutale contre Téhéran ; et l’Iran a plus d’une fois menacé d’empêcher les tankers transportant l’or noir des pétromonarchies de franchir l’exigu détroit d’Ormuz, qui sépare la République islamique du sultanat d’Oman
[par où transite environ 30 % du pétrole mondial].
Le but de cette visite extraordinaire – la première du président Rohani dans la péninsule Arabique – était de discuter liens économiques avec le sultan...