Publié dans le magazine Books n° 59, novembre 2014. Par Books.
Un tiers des personnes âgées, dans les campagnes, mettent volontairement fin à leurs jours. Cette révélation d’une récente étude a choqué tout le pays.
Dans la culture chinoise, la mort est un tabou plus important qu’en Occident. Pourtant, le suicide est traditionnellement un comportement plus accepté : c’était ainsi, par le passé, une méthode de protestation honorable pour les fonctionnaires en désaccord avec l’empereur. Aujourd’hui, la presse relance régulièrement le débat, dénonçant notamment la responsabilité de la société chinoise dans les suicides de jeunes élèves et d’étudiants, sous l’effet de l’hyper-compétitivité scolaire. Cependant, censure d’État et intérêts privés se conjuguent, qui empêchent les spécialistes d’avoir accès à des chiffres fiables sur le phénomène. Résultat, les autorités peuvent déclarer que le taux de suicide en Chine n’est pas plus élevé qu’ailleurs.
C’est dire si la publication en juillet dernier de l’étude du sociologue Liu Yanwu, professeur à l’université Wuhan, a choqué le pays et fait couler de l’encre. Selon son analyse, plus d’un tiers des personnes âgées à la campagne meurent de suicide – ingestion de pesticides, pendaisons, noyades, etc. Certains spécialistes ont mis en doute la thèse de Liu...