Les métamorphoses de Facebook
Publié dans le magazine Books n° 16, octobre 2010. Par Charles Petersen.
Le succès originel de Facebook a été bâti sur le snobisme narcissique de potaches de Harvard. Bien que le site compte désormais plus de 500 millions d’« amis », cette réalité psychosociale est toujours à l’œuvre. À ceci près que le réseau est désormais squatté par les parents, et a tendance à s’aseptiser. Les pages ressemblent de plus en plus à des pelouses de pavillons de banlieue. Un paradis pour les publicitaires et les politiciens.
Le site de réseau social le plus populaire au monde est né dans une chambre du campus de Harvard au cours de l’hiver 2004. Comme Microsoft, cette autre entreprise créée par un étudiant ayant abandonné en cours de route, Facebook n’avait rien de particulièrement original. Un quart de siècle plus tôt, Bill Gates, chargé par IBM de concevoir le système d’exploitation de son premier PC, avait tout simplement acheté et rebaptisé le programme d’une autre compagnie. Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook, a quitté Harvard six mois après son lancement et emprunté la plupart de ses idées aux réseaux sociaux existants comme Friendster et MySpace. Mais, au contraire de Microsoft, qui aurait tout aussi bien pu germer sur le campus du MIT (Massachusetts Institute of Technology) ou de Caltech (California Institute of Technology), Facebook n’est pas né à Harvard par accident.
Participer à un réseau social en ligne implique généralement trois activités de base : créer une page Web personnelle, ou « profil », sur laquelle chacun se bâtit une sorte de maison virtuelle ; accéder à une sorte d’...