Publié dans le magazine Books n° 46, septembre 2013. Par Andrew Marshall.
Les informations dont disposent les praticiens sur les médicaments sont complètement biaisées : non seulement les firmes pharmaceutiques gardent par-devers elles les données les plus sensibles, mais les revues scientifiques sont manipulées et les labos noyautent, voire corrompent, les autorités de régulation. La communauté médicale, esclave d’un secteur qui l’empêche de prescrire à bon escient, doit prendre le taureau par les cornes.
Ben Goldacre est l’homme d’un idéal. Et cet idéal est le suivant : toutes les données issues de l’expérimentation humaine d’un médicament devraient être disponibles gratuitement et accessibles à tous. Dont l’ensemble des éléments cliniques ayant motivé l’autorisation de mise sur le marché, et les informations issues des études menées après le lancement d’une molécule sur la population cible. Seul le plein accès à ces données peut permettre aux médecins de prescrire en toute connaissance de cause.
Dans son nouveau livre, Bad Pharma, Goldacre montre par le menu à quel point la pratique médicale est aujourd’hui fort loin de cet idéal. Selon des estimations récentes, la moitié seulement des essais cliniques réalisés ont donné lieu à communication. Et l’on a publié deux fois plus d’articles sur les expériences dont les résultats étaient positifs que sur celles dont les conclusions étaient défavorables.
Bad Pharma est une critique virulente du complexe académico-industriel, et de la manière dont il a perverti la littérature médicale. Mais il lance aussi un défi salutaire à de nombreuses...