Les grandes gueules de la pandémie
Publié dans le magazine Books n° 114, juillet-août 2021. Par Anthony Daniels.
À première vue, le Pr Raoult et le directeur de la revue scientifique The Lancet ne se ressemblent guère. À l’égard du Covid-19, leurs opinions sont à l’opposé. Mais ils ont en commun de déployer une inaltérable confiance en eux, qui en impose. Une force d’autant plus affirmée qu’elle les blinde contre leurs contradictions internes et leurs erreurs manifestes.
Voilà quelque temps, j’ai assisté à une conférence non médicale donnée par l’éminent rétrovirologue Peter Duesberg, principalement connu à l’époque pour avoir nié que le VIH était la cause du sida. Il était charismatique, éloquent, plein d’humour, sûr de lui, persuasif – et il avait tort. Dans cet auditoire, pourtant composé de personnes fort intelligentes et instruites, beaucoup l’ont cru. Sans avoir jamais étudié la question, s’étant contentés jusque-là d’embrasser l’opinion généralement admise ou orthodoxe, ils ont vécu une sorte d’expérience de conversion. Et commencé à imaginer des conspirations en tout genre pour expliquer pourquoi les vues de Duesberg ne s’étaient pas imposées.
En l’occurrence, cela n’avait guère d’importance : personne dans l’assistance n’était en mesure d’influer sur la politique publique en matière de sida. Mais Thabo Mbeki, alors président de l’Afrique du Sud, a découvert les écrits de Duesberg sur Internet et s’est converti à ses idées, avec des conséquences désastreuses.
Les expériences de conversion conduisent à la formation de sectes ou...