Publié dans le magazine Books n° 7, juillet-août 2009. Par James Bowman.
Professeur de littérature, Mark Bauerlein contemple avec effroi les effets des nouveaux médias sur le niveau culturel des jeunes. Le degré d’ignorance créé par l’accroissement du temps consacré chaque jour à « socialiser » sur Internet est devenu, selon lui, une menace pour la démocratie. Il dénonce la démagogie des adultes qui l’encouragent. Analyse classique d’un grincheux ? Pour le conservateur James Bowman, Bauerlein ne va pas assez loin. Sa critique de la responsabilité des adultes ne s’étend pas, comme elle devrait le faire, à celle des générations d’enseignants qui ont, selon lui, laissé sans réagir le progrès technologique mener son OPA sur la culture.
« Autrefois, je n’avais aucun mal à me plonger dans un livre ou un long article. Mon esprit s’absorbait dans le récit ou les articulations du raisonnement, et je passais des heures à parcourir de vastes étendues de prose. Cela m’arrive rarement aujourd’hui. Ma concentration se relâche souvent au bout de deux ou trois pages. Je m’agite, perds le fil, commence à chercher une autre occupation. On dirait que je dois constamment ramener mon cerveau vagabond vers le texte. La lecture en profondeur qui m’était si naturelle est devenue un combat. » Cela vous rappelle quelque chose ? Nicholas Carr raconte dans le mensuel The Atlantic ses efforts pour empêcher sa faculté d’attention de se réduire comme la peau de chagrin du roman de Balzac. Il cite une étude britannique sur le comportement des utilisateurs de sites universitaires, qui indique un problème plus général : ils « ne lisent pas en ligne à la manière traditionnelle ; divers signes montrent l’émergence de nouveaux modes de lecture, où les usagers lisent en diagonale, passent en revue les titres et les résumés en quête de réponses rapides. Il semblerait presque qu’ils...