Les États hackers
Publié dans le magazine Books n° 64, avril 2015. Par Gordon Goldstein.
Les gouvernements qui en ont les moyens ne se contentent plus de surveiller. Ils pénètrent en profondeur les systèmes informatiques des institutions et entreprises des puissances ennemies ou rivales. Aux avant-postes de cette nouvelle guerre froide, les États-Unis et la Chine sont depuis bientôt dix ans engagés dans une véritable course au piratage.
Qu’elle soit venue ou non de Corée du Nord, l’attaque contre Sony de décembre 2014 a représenté une escalade spectaculaire dans la cyberguerre globale. Comme le soutient Shane Harris dans un ouvrage qui tombe à point nommé, la dynamique du cyberaffrontement progresse inexorablement depuis quelques années. Les États-Unis et leurs adversaires se dotent assidûment depuis dix ans d’un véritable arsenal numérique. Ils sont aujourd’hui autant en mesure de mener un ensemble d’opérations d’espionnage, de surveillance et de sabotage que d’engager une action militaire offensive ou défensive. En 2013, selon Harris, le Cyber Command américain comptait 900 employés. Le Pentagone prévoit de porter cet effectif à 6 000 personnes d’ici la fin 2016. « Internet, résume Harris, est devenu un champ de bataille. »
Le sous-titre du livre (« La montée du complexe militaro-Internet ») s’inspire de l’avertissement solennel prononcé par le président Dwight Eisenhower au moment de quitter...