L’été 2012 a été, comme l’été 2011, scandé par les échos de la guerre – mais se déroulant cette fois-ci dans un autre pays arabe, la Syrie et non plus la Libye. L’impression globale que je tire de mes fréquentations médiatiques au cours cette période est celle d’une fascination devant le spectacle de la guerre. Une phrase, tirée d’un article de Florence Aubenas, capte et en même temps incarne l’état d’esprit habitant ces reportages militaires. La journaliste décrit un convoi prêt à partir pour se battre, puis ajoute : « Autour, les enfants font une haie d’honneur, éblouis, tellement transis d’admiration qu’ils n’osent plus approcher ces hommes. » L’auteure n’osant pas commenter l’éblouissement de ces enfants, conséquence tragique du conflit, c’est nous – journalistes comme lecteurs – qui sommes invités à partager cette expérience de sidération.
La fascination se traduit, dans la presse, par une surabondance d’images : la guerre est photogénique. Page après page, on contemple les ruines fumantes des bâtiments, les cadavres étalés dans la rue, les méchants conduits à l’interrogatoire, probablement musclé ; ou encore de...