Publié dans le magazine Books n° 22, mai 2011. Par Joshua Hammer.
L’émirat a porté le luxe et le clinquant à des niveaux inégalés. Mais, sous les dorures, la réalité est glauque : cheikh mégalomane, prostitution, exploitation des immigrés, trafics en tous genres, blanchiment et crise immobilière dont on ne voit pas vraiment le bout.
Dubaï chancelle encore sous les effets de la crise financière mondiale lorsque j’atterris dans l’émirat. Sur Cheikh Zayed Road, l’artère principale qui longe le golfe Persique, c’est encore l’heure de pointe de la fin de journée, mais la circulation est quasi inexistante sur cette route que j’avais connue embouteillée jour et nuit. À l’approche du centre-ville s’égrène un long chapelet de gratte-ciel éclairés, tous flambant neufs. Couverts de fioritures architecturales tape-à-l’œil, beaucoup sont inachevés, avec leurs poutrelles à l’air et leurs grues pétrifiées ; presque tous arborent aux fenêtres des écriteaux « À louer ».
Derrière, j’aperçois le Burj Khalifa, cylindre effilé d’aluminium et de verre qui s’élève à 828 mètres au-dessus de la ville. L’immeuble le plus haut du monde ! Emaar, le promoteur public qui l’a construit, l’avait gratifié de ce boniment : « Je suis la puissance qui dresse fièrement la tête du monde vers le ciel, dépassant toutes les limites et toutes les attentes. » Mais cette tour restera à jamais l’emblème des récents revers de Dubaï.
À l’origine, elle devait s’...