L’écriture de Kafka
Publié en avril 2024. Par Books.
Comment peut-on encore oser consacrer un livre à Kafka après la monumentale biographie de Reiner Stach (dont Books s’était fait l’écho dès sa parution allemande) ? Peut-être précisément en ne s’intéressant pas avant tout à la vie de Kafka, en se proposant l’objectif plus modeste d’en éclairer un aspect particulier. C’est le choix qu’a fait Rüdiger Safranski dans un ouvrage dont la minceur (256 pages) tranche avec la longueur des trois volumes de Stach (plus de 2 000 pages en tout). L’occasion est, bien entendu, le centenaire de la mort de l’écrivain, l’un des derniers grands noms de la littérature allemande à qui Safranski ne s’était pas encore attaqué (on doit déjà à ce serial biographer, philosophe de formation, des études sur Nietzsche, Goethe, Schopenhauer, Schiller, Hoffmann, Heidegger et Hölderlin). Pas question, donc, ici de tout dire. Safranski se concentre sur le processus d’écriture de Kafka et « sur les conditions extérieures et intérieures qui permettent ce processus », résume Tilman Spreckelsen dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung. Et de préciser qu’« à cet égard, la rencontre avec Felice Bauer en 1912 revêt une importance particulière, car le début de la correspondance avec la jeune femme avec laquelle il se fiancera plus tard est “le moment d’une percée créative que Kafka n’avait pas encore vécue” – elle débouchera sur la nouvelle Le Verdict. »Pour autant, le livre de Safranski ne convainc pas vraiment, en particulier la critique littéraire du Süddeutsche Zeitung, Kristina Maidt-Zinke. Pour elle, « il se contente pour l’essentiel de paraphraser les romans et les récits de Kafka, puis de suivre les sentiers d’interprétation habituels, mélange de biographie et de psychologie : famille, conflit paternel, métier, judaïsme, aliénation au monde, sentiment de culpabilité, maladie, relations problématiques avec les femmes. »