Publié dans le magazine Books n° 65, mai 2015. Par John Plender.
Le pape François a pris ses fonctions au moment où l’Église traversait une crise profonde. Aux États-Unis, l’institution avait dû débourser près de 2 milliards de dollars pour indemniser des victimes d’abus sexuels. Comptes non audités, valises de billets, prévarication, corruption, hypocrisie érigée en norme, accointances avec la mafia : voilà l’image que donnaient alors le Vatican, sa banque et nombre de cardinaux et d’évêques.
Les finances de l’Église romaine sont notoirement opaques, mais une chose au moins est sûre : sa capacité à utiliser à des fins charitables les importantes contributions de ses fidèles a été sérieusement mise à mal par les énormes indemnités versées aux victimes d’abus sexuels commis par le clergé. Pour les seuls États-Unis, la note approche les 2 milliards de dollars. Ce scandale, qui a sérieusement ébranlé la crédibilité des Églises américaine et irlandaise, a provoqué ailleurs un embarras considérable. Il a aussi mis en lumière le manque de transparence et de responsabilité dont l’Église a fait preuve dans sa gestion des dons de 1,2 milliard de catholiques.
Le réquisitoire que dresse Jason Berry en étudiant l’impact financier de cette crise, principalement aux États-Unis, n’est pas reluisant. Il entame son enquête à Boston, où l’ancien archevêque, le cardinal Bernard Law, et une poignée d’évêques auxiliaires n’ont rien fait pour sanctionner les hommes qui avaient agressé sexuellement des enfants, tout en obtenant le silence des victimes par des règlements à l’amiable. Les prêtres prédateurs ont bénéficié d’un suivi psychiatrique...