Le temple du savoir
Publié dans le magazine Books n° 20, mars 2011. Par Ziauddin Sardar.
Bagdad est devenue pendant cinq siècles le centre de gravité du monde scientifique et intellectuel. L’Europe doit à cet héritage son évolution vers la Renaissance. Comment expliquer le déclin qui s’est ensuivi ?
Quand Bagdad fut fondée, pour être la nouvelle capitale du califat abbasside, le cœur de la cité était occupé par la bibliothèque royale (1). Sa construction fut achevée vers l’an 765 sous l’impulsion du calife al-Mansûr, à qui l’on doit l’édification de la ville dans son ensemble. Second d’une longue lignée de califes abbassides qui plaçaient la pensée et le savoir au-dessus de tout, le souverain musulman fut aussi à l’origine d’une méthode de calcul de la circonférence de la Terre. Les Abbassides ont aussi été à l’origine de l’une des périodes les plus fertiles de l’histoire humaine sur le plan scientifique.
La bibliothèque était officiellement baptisée « maison de la Sagesse ». Ce bâtiment colossal abritait traducteurs, copistes, érudits, scientifiques et autres bibliothécaires, mais aussi les épais volumes de textes persans, sanskrits et grecs qui affluaient vers Bagdad. Il va de soi que ce lieu attirait à lui des personnes en quête de savoir venues de tout l’Empire musulman. Dans un récit captivant mené à un rythme effréné, Jonathan Lyons nous conte l’histoire de cette « ...