Publié dans le magazine Books n° 25, septembre 2011. Par John Ray.
Est-ce un faux réalisé par un artiste génial au Moyen Âge, ou une relique beaucoup plus ancienne, voire, peut-être… ? Les scientifiques y perdent leur latin.
Le saint suaire de Turin est d’abord apparu en France, vers 1350. Un litige naquit aussitôt sur la question de sa propriété et sur sa nature. L’affaire remonta jusqu’au pape. Fort commodément, on trouva bientôt un homme qui avoua l’avoir peint. Cette « œuvre » ne ressemble à aucune autre dans l’art médiéval, mais notre époque sceptique a de plus en plus de mal à y voir un objet miraculeux. En 1988, la datation au carbone 14 régla apparemment le sujet en situant la création du suaire aux alentours du XIVe siècle. Pour l’accusation, le dossier est clair : malgré les marques pâles et énigmatiques qu’il arbore, le tissu conservé à Turin est tout simplement un faux, fabriqué au Moyen Âge. Le principal avocat de la défense, Ian Wilson, en revanche, n’a cessé de contester le verdict prononcé en 1988. Selon lui, le carbone 14 est un outil de datation utile, mais pas infaillible. Le suaire est représenté dans un manuscrit hongrois rédigé dans les années 1190, et l’analyse chimico-légale continue de révéler des détails, comme des traces de calcaire ressemblant fort à de la poussiè...