Publié dans le magazine Books n° 42, avril 2013. Par John Barton.
Le reptile de la Genèse n’est pas le diable. Il n’a pas tenté Ève, mais lui a simplement posé une question. D’ailleurs, ce n’est pas un serpent, puisqu’il a des pattes. Et puis, Dieu ne dit pas à Adam et Ève qu’ils deviendront mortels s’ils mangent la pomme, mais qu’ils mourront le jour même. Ce qui ne se produit pas… Quand un théologien amateur de reptiles sème le trouble au royaume des spécialistes de la Bible.
« Symbologie ophidienne » (l’étude de l’imagerie du serpent) : on croirait la formule tirée du
Da Vinci Code. Elle émane pourtant d’une somme signée d’un universitaire, James H. Charlesworth, dont les 250 premières pages traitent de la symbolique reptilienne dans les arts et la littérature du monde entier (en se centrant, tout de même, sur le Moyen-Orient). Où il apparaît que les serpents sont essentiels à la compréhension de bien des mythologies. Mais l’ambition de Charlesworth va au-delà de ce constat.
Le serpent passe en général pour un symbole universel du mal. Et, même si le sens de la causalité n’est pas clairement établi, cette interprétation est liée au dégoût général qu’inspire cet animal. Marqué par une expérience quasi mystique qu’il fit avec un serpent dans l’enfance, Charlesworth a, lui, toujours eu à cœur de corriger cette perception qu’il juge infondée, en montrant que le serpent fut souvent considéré comme beau, bénéfique, et même sacré. Il rend service aux hommes, dans la plupart des cas, en tuant les rongeurs et...