Quand Israël triait les Juifs
Publié le 5 mai 2015. Par La rédaction de Books.
Les Israéliens d’origine éthiopienne ont manifesté à Jérusalem et Tel-Aviv, le week-end dernier, contre les discriminations dont ils se disent victimes. Mais les tensions interethniques sont aussi vieilles que l’Etat lui-même, rappelle l’historien israélien Avi Picard dans un livre consacré à l’immigration sépharade et intitulé « Fait sur mesure ».Certes, la jeune nation se voulait par essence un sanctuaire pour les Juifs du monde entier. Mais, face à l’afflux des Maghrébins, il affirme dès le début des années 1950 que sa situation politique et économique ne lui permet pas d’accueillir tous ceux qui le souhaitent.
Seuls les Juifs d’Afrique du Nord en bonne santé mentale et physique peuvent venir s’installer. Selon les critères de l’Agence juive, 80 % des candidats à l’immigration de ces pays doivent avoir moins de 35 ans ; ils sont obligatoirement soumis à un examen médical. La sélectivité est telle que l’on sépare parfois les familles sur le chemin du bateau en partance pour la Terre promise.
« Les responsables israéliens prêtaient à cette époque une grande attention à l’image de l’Etat, résume Daniel Ben-Simon dans Haaretz. Des centaines, si ce n’est des milliers, d’immigrants en provenance des pays musulmans projetteraient une ombre géante sur le désir de construire une société de type occidental, fondée sur les valeurs apportées par les pionniers du sionisme. Les Marocains parlaient fort et avec les mains, se mettaient facilement en colère, se fiaient aux valeurs familiales avec lesquelles ils avaient été élevés. Surtout, ils parlaient l’arabe, la langue des ennemis d’Israël. »